Expérience de pensée - Description et perception de la complexité du monde Hypothèse : l'Homme ne peut pas percevoir la complexité des choses parce qu'il en est physiologiquement limité. Le cerveau, pour des raisons d'économie de temps et d'énergie, ne génère que des interprétations très simplifiées du monde sensible. Discussion : On suppose un être doué de la faculté de percevoir cette complexité. Il serait par exemple capable de sentir, de voir les choses à une échelle subatomique, voire quantique. D'un point de vue pratique, en relation avec la théorie de la complexité, un tel spécimen serait capable de casser très rapidement le chiffrage d'un message codé : il lui suffirait de lire le message codé pour obtenir immédiatement son déchiffrement. Dans cette hypothèse, la proposition "P = NP" est positive, contre l'intuition que les problèmes complexes n'ont pas de résolution simple. Mais l'existence d'un tel être ne rendrait-elle pas la possibilité de vivre... impossible? Un monde où un tel être existe pourrait s'effondrer dès lors que cet être le perçoit, puisqu'il voit tout et comprend tout immédiatement. Dès lors, sa connaissance pourrait se résumer en une singularité où la vie est impossible. Ce serait en quelque sorte un trou noir de la connaissance : le fait de tout savoir instantanément fait qu'on pourrait comprimer la connaissance dans cette singularité. Philosophiquement parlant, cela signifie qu'il n'y a aucun intérêt à obtenir un savoir exhaustif. Notre connaissance sera toujours incomplète par nature. Quelque chose cloche dans le concept d'un être omniscient, omnipotent. Il doit être possible d'argumenter sur l'effondrement de la connaissance et de la perception en supposant l'existence d'un tel être, ce qui impliquerait que la métaphysique n'a aucune pertinence, si ce n'est pour des expériences de pensée comme celle-ci. En réalité, nous sommes dans un très vaste univers brumeux et notre connaissance est la sphère de notre perception où le brouillard s'est totalement dissipé. On pourrait considérer cette sphère de perception comme étant d'une portée infinie, ou en tout cas limitée à l'univers (ce qui peut vouloir dire la même chose, le concept d'infinité n'aurait alors plus aucun sens, et c'est tant mieux étant donné le caractère non intuitif de ce concept). Et le brouillard nous empêche de percevoir la complexité des choses. La connaissance serait alors une complexité qu'on aurait domptée, déconstruite. Mais est-ce là vraiment une grande complexité? Un problème complexe déconstruit simplement n'est-il pas en fait un problème qui n'est pas si complexe que ça et qu'il ne serait juste qu'une union de problèmes simples? L'obsession de l'Homme de tout classifier, tout mettre dans des cases. La volonté de simplifier les choses apparemment complexes au point de concevoir des théories généralisantes et jamais convenables pour tout cas particulier. Les théories en soi sont d'excellents travaux, les gens les prenant pour argent comptant et parole d'évangile sont dangereux. --- The human being can not perceive the complexity of things because he's physiologically limited. The brain, for reasons of economy of time and energy only generates highly simplified interpretations of the material world. Imagine a being endowed with the ability to perceive this kind of complexity. It would for example be able to feel, to see things at a subatomic scale, at even quantum scale. But does the existence of such a being make the possibility of life and entropy... impossible? A world where there is such a being could collapse as soon as this being perceives it, since he sees everything and understands everything immediately. Therefore, knowledge could be summed up in a singularity where life is impossible. It would be somehow a black hole of knowledge: knowing everything instantly means that we can compress the knowledge in this singularity. Philosophically speaking, that means that there is no point in finding a comprehensive knowledge. Our knowledge is incomplete by nature. There's something wrong, mostly non-sensical with the concept of an omniscient, omnipotent being. It must be possible to argue about the collapse of knowledge and perception assuming the existence of such a being, which implies metaphysics has no relevance, except for thought experiments like this.